La poudre pyroxylée
Aussi appelée "poudre sans fumée", elle fut inventée en 1884 par l'ingénieur général des poudres et chimiste français Paul Vieille au Laboratoire Central des Poudres et Salpêtres à Paris. Il s'agit d'un mélange de fulmicoton (68%) et de collodion (30%), mélangés à de l'éthanol et de l’éther puis malaxés pour former la substance.
L'invention de la poudre pyroxylée répond à plusieurs besoins. Avec le développement des guerres, il fallait augmenter la cadence de tir des armes. De plus, l'armée souhaitait disposer d'une poudre ne produisant pas, ou très peu, de fumée, afin d'être moins facilement repérable. La poudre noire, dont la fumée est composée à plus de 50% de matières solides qui, en plus d'être visibles, contribuent à l'usure prématurée du canon. En revanche les combustions de composés de type poudre-coton, aussi appelée "coton-poudre" ou "nitrate de cellulose" produisent uniquement des gaz. Les recherches en sont là lorsqu'en France, le Service des Poudres et Salpêtres engage des études fondamentales au sujet de la combustion des poudres. En 1875 intervient Paul Vieille, qui intègre le Services des Poudres et Salpêtres après avoir fini ses études à l'école Polytechnique. Avec des expériences d'approches pluridisciplinaires il arrive à sa conclusion célèbre, validant la loi de Piobert : la combustion des poudres se fait par couches successives. |
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Toutefois les poudres industrielles comme la poudre noire ne respecte pas cette loi, en effet elles sont composées de grains trop épais pour constituer des couches nettes. On peut faire varier leur compacité mais jamais faire disparaître les interstices, or pour appliquer la loi de Piobert il faudrait que le matériau soit composé d'une phase homogène.
Vieille ne cantonne pas ses recherches à la poudre noire : il s'intéresse aussi aux autres produits. Dans ces produits se trouve entre autre la pyroxyline ou nitrocellulose. Mais cette fois, ce nitrate de cellulose est gélifié et Vieille l'appelle "colloïdal" par comparaison à la poudre noire dite "cristalline". Toutefois, la pyroxyline n'est plus une "poudre" proprement dite, c'est à dire un matériau fait de grains et contenant des zones vides, mais une matière homogène dont la géométrie utile peut être modifiée à volonté par le fabricant. Et ce car la nitrocellulose plastifiée peut être découpée afin d'être adaptée à son emploi. Ainsi, Vieille finit-il par créer une poudre nommée "Poudre B" ou "poudre pyroxylée", la première des poudres sans fumée, en associant du collodion et de la nitrocellulose, auxquels on ajoutait de l'éthanol et de l'éther. La poudre pyroxylée possède un avantage certain par rapport à la poudre noire : en effet, sa combustion ne produit pas de solides. Ainsi la fumée qu'elle dégage est moins épaisse, de ce fait la visibilité des soldats est améliorée et ils sont moins repérables par l'ennemi. Toutefois cette poudre est trop instable : elle causa le naufrage du Iéna (cuirassé* français) et de la Liberté (cuirassé français) dans le port de Toulon, en 1907 et 1911. Ainsi des poudres plus stables finirent-t-elles par la remplacer. |