L'invention de la poudre
Lorsque l’on parle de « l’invention de la poudre », on parle de l’invention de la poudre noire. Cette invention est populairement attribuée aux Chinois et est citée parmi les « Quatre Grandes Inventions » de la Chine, de même que la boussole, le papier et l’imprimerie – cette dernière ayant été abandonnée en raison de la trop grande complexité des idéogrammes chinois. Cela permit de dire que Gutenbergh fut, en Europe, l’inventeur de l’imprimerie. Mais tel n’est pas le sujet de notre TPE.
Ces « Quatre Grandes Inventions » sont ainsi nommées car elles « ont contribué à construire l'Occident moderne », comme le dit Pierre Germa dans son Dictionnaire des Inventions. Cette affirmation est amplement justifiable : avec l’invention de la poudre, les guerres furent profondément changées, utilisant désormais une technologie permettant des dégâts plus sévères et plus nombreux. |
Formule en chinois de la poudre noire telle qu'on la trouve dans le livre de Joseph Needham "Science and Civilization in China: Volume 5, Part 7" |
On ignore encore la date exacte de l’invention de la poudre noire. Le consensus académique actuelle en vigueur dit que la poudre noire fut formulée durant le 9ème siècle (dynastie Tang) par des alchimistes chinois recherchant un élixir d’immortalité. Toutefois, jusqu’à ce que le traité de la dynastie Song, le Wujing Zongyao (littéralement « Collection des plus importantes techniques militaires ») soit écrit par Zeng Gongliang et Yang Weide, la composition de la poudre noire changea : les différentes formules indiquaient désormais une proportion de nitrate allant de 27% à 50%. La formule originelle, celle du 9ème siècle, a donc été en partie perdue, et c’est celle du Wujing Zongyao que l’on reconnaît désormais officiellement comme étant la formule d'origine. A la fin du douzième siècle, la poudre noire chinoise, alors utilisées sous la forme de grenades creuses – les toutes premières de l’histoire - étaient capable de faire exploser la fonte.
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Deux photos de poudre noire provenant de Wikimedia Commons. |
Cette invention donna naissance aux premiers feux d’artifices au 10ème siècle. On les utilisait alors dans le but d’effrayer les démons.
En 1280, la réserve de bombes de l’arsenal de Weiyang prend feu, tuant au moins cent gardes sur le coup. Ce qui est intéressant ici, c'est que l'on remarqua la très grande distance à laquelle certains objets avaient été projetés par le souffle de l'explosion. Au milieu du 14ème siècle, environ à l’époque du Huolongjing (littéralement : Manuel du Feu Dragon) de Jiao Yu, le potentiel explosif de la poudre noire est bien connu et maîtrisé avec l’élévation significative de la concentration de nitrate dans la formule, elle passe de 12% à 91%, et on envisage très sérieusement son potentiel en tant que propulseur. Les techniques de fabrication de la poudre noire ont été transmises au monde arabo-perse entre le 8ème et le 9ème siècle, en effet les alchimistes des mondes musulmans et chinois communiquaient beaucoup. Cette partie du monde développa surtout des grenades et feux d'artifices. Au milieu du treizième siècle, l'empire Mongol allait de la Chine à la Hongrie et touchaient également les mondes musulmans et byzantins. Or, ils employaient beaucoup la poudre noire : les pays frontaliers de cet empire connurent cette invention à la même époque. C'est ainsi que la poudre noire arriva en Europe. A la fin du quatorzième siècle sont inventés les premières fusées, mais elles ne sont sérieusement utilisées en Europe à partir du 18ème ou du 19ème siècle, notamment durant les guerres napoléoniennes. La première preuve de l'existence des armes à feu se trouve dans De Notabilitatibus, Sapientia, et Prudentia Regum, un manuscrit anglais de 1326. Un peu plus de 500 ans plus tard, en 1829, Samuel Colt fait détoner pour la première fois de la poudre noire sous effet d'un courant électrique. En 1884, l'invention de la poudre sans fumée met fin à la domination de la poudre noire. |