L'amorceLe mot "amorce" existe depuis longtemps, mais n'a pas toujours été utilisé pour désigner les mêmes choses. Les différentes éditions du Dictionnaire de l'Académie Française reflètent bien l'histoire de cette invention, de son origine jusqu'à aujourd'hui.
Dans la première édition de 1694, on désigne sous le nom d'amorce la poudre versée dans le bassinet d'une arme à feu. On utilisait alors des armes à feu très différente de celles d'aujourd'hui, notamment dans leur système de mise à feu : il s'agissait alors du système de la platine à silex, inventé par l'arquebusier français Marin Bourgeois. Dès 1630, il a combiné deux autres déjà existant : la platine à chenapan et la platine à miquelet. Très vite, il remplace les anciens systèmes de platine à mèche et platine à rouet et son usage a duré environ deux siècles. |
Le système de la platine à silex. En 1, le chien portant un silex, en 2 la batterie, en 3 le couvre-bassinet, en 4 le bassinet.Image de "Nerjip", utilisateur de Wikipédia, sous licence Creative Commons. |
Photographie d'amorces modernes, image du domaine public. |
Le système de mise à feu se comporte alors de plusieurs parties : le chien*, sur lequel était fixé un morceau de silex ; une lamelle de fer appelée batterie, que venait heurter le silex après pression sur la détente ; le bassinet, révélé par le soulèvement de la batterie et contenant la poudre à enflammer (l'amorce), qui s'embrasait avec l'étincelle produite par le choc ; et enfin, une petite ouverture, la lumière, reliant la poudre du bassinet à la poudre de tir, celle dont l'embrasement propulsera la balle.
En 1832 le Dictionnaire évoque deux choses sous le nom d'amorce : le "grain de poudre fulminante" qui fait "partir" une arme à feu, en s'enflammant sous le choc de la percussion, et le pulvérin* que l'on met dans le bassinet d'un fusil, d'un pistolet, pour y faire prendre feu. Enfin, 100 ans plus tard, la définition de ce mot a été simplifiée : on désigne désormais en tant qu'amorce la matière explosive qui, en explosant sous la force d'un coup, va communiquer le feu à la charge d'un canon, d'un fusil, etc. |
Aujourd'hui, ce que l'on appelle "amorce" n'est plus quelque chose que l'on doit mettre en place dans le fusil à chaque tir, mais une capsule sertie directement à l'arrière de la balle, dans la cartouche. Ainsi il est impossible d'y mettre le feu directement. En revanche, on utilise dans sa composition une poudre très instable, qu'un choc fait exploser : une réaction chimique naît, qui dégage des gaz très chauds. Ce sont ces gaz qui enflamment la poudre, plus stable et plus puissante, contenue dans la munition elle-même. Dans la composition de cette amorce on a d'abord utilisé le corrosif fulminate de mercure, mais on lui préfère aujourd'hui l'azoture de plomb additionné de nitrate de baryum.
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