La corditeLa cordite est souvent appelée "poudre sans fumée", bien que ce ne soit pas véritablement une poudre mais un explosif à l'apparence d'un plastique jaunâtre à brun. Elle était généralement diffusé sous forme de fils ou de plaquettes après extrusion* et séchage. La cordite fut produite par le Royaume-Uni a partir de 1889, avec comme objectif le remplacement de la poudre noire. Toutefois, comme la poudre noire, la cordite est classifiée comme étant un "explosif déflagrant" en raison de sa combustion lente, entraînant une faible brisance*. C'est-à-dire qu'au lieu de l'onde supersonique produite par les explosions brisantes, celle de la cordite produit une déflagration.
Avant la cordite, le français Paul Vieille avait déjà, en 1884, créé la "Poudre B" ou poudre pyroxylée et en 1887 Alfred Nobel avait inventé la balistite, toutefois ces deux poudres avaient des inconvénients. La balistite de Nobel, par exemple, en partie composée de camphre, était un explosif instable. Un comité gouvernemental du Royaume-Uni, le "Explosives Committee" (littéralement : Comité des Explosifs"), présidé par le chimiste anglais Sir Frederick Augustus Abel, obtint des échantillons de Poudre B et de balistite. Le comité décida de ne pas recommander l'usage de ces poudres. |
Sir Abel, Sir Dewar et le docteur W. Kellner commencent alors des expérimentations afin de développer un nouveau produit pour propulser les munitions. En 1889 ils développèrent et expérimentèrent une nouvelle poudre, ressemblant à la balistite, consistant en un mélange de nitroglycérine, de nitrocellulose et de la gelée de pétrole (vaseline). En utilisant l'acétone comme solvant, ils extrudèrent le produit obtenu pour en obtenir des fils : c'est ce qui donna à la cordite son surnom anglais de "cord powder" (littéralement : poudre-corde). On l'appela aussi "the Committee's modification of Ballistite" (modification de la balistite par le Comité). Par la suite, la contraction de "cord" et de "balistite" donna la "cordite".
C'est probablement la poudre qui subit le plus de modifications. Elle était au départ une poudre double base, utilisant donc la nitroglycérine et la nitrocellulose, auxquelles s'ajoutait de la gelée de pétrole. Par trois fois on modifia la proportion des composants, elle devint cordite Mk I, puis cordite MD, RDB (cette dernière utilisait non la nitrocellulose sous forme de collodion), SC. Puis, dans les années 1930 on la transforma en une poudre triple base en y ajoutant de la nitroguanidine : ainsi on obtient la cordite N. Cet ajout permit de réduire les inconvénients de la cordite, c'est-à-dire son flash trop lumineux et sa trop haute température de combustion. Puis à son tour, la cordite est délaissée. Elle disparaît complètement avec la fermeture à la fin du vingtième siècle de la poudrerie royale de Bishopton (ROF Bishopton, pour "Royale Ordnance Factory Bishopton") au profit des IMR (Improvement Munition Riffle) autour desquelles planent d'importants secrets de fabrication. En effet elles sont toujours utilisées par les armées aujourd'hui, il est donc presque impossible de se procurer des informations sur le sujet. |
Anecdotes notables :
L'une des dernières utilisations notables de la cordite date de 1945 : en effet, elle fut utilisée dans la bombe Little Boy, lancée sur Hiroshima (Japon). La munition utilisant la cordite comme propulseur est le .303 British. En l'honneur de l'usage militaire de la cordite, Collège Militaire Royal du Canada a construit un bateau utilisé dans les recherches thermodynamiques et l'a nommé "Cordite MV". |
Schéma de la bombe à insertion. 1. Explosion produite par de la cordite pour lancer la balle en uranium - 2. Canon - 3. Balle creuse en uranium - 4. Cible en uranium
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